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Hyères
Porquerolles
Flore terrestre
Résumé. Traits des feuilles et des noyaux de 35 variétés d’oliviers appartenant à des groupes génétiques différents, cultivés dans la collection variétale de référence de Porquerolles (Provence, France). L’olivier (Olea europaea L. subsp. europaea var. europaea) est l’un des arbres fruitiers tempérés les plus largement cultivés dans le monde. Il se caractérise par une forte diversité génétique, et présente une importante variation pour de nombreux traits phénotypiques. Autour du Bassin Méditerranéen, la diversité génétique de l’olivier s’organise en trois groupes principaux : ‘Ouest’, ‘Central’ et ‘Est’, auquel s’ajoute un groupe (‘Mosaïque’ ou ‘admixé’) qui correspond à des variétés issues de l’hybridation de variétés appartenant à au moins deux des groupes précédents. Le premier objectif de la présente étude est de tester si les traits phénotypiques des variétés cultivées diffèrent entre ces quatre groupes génétiques. Ceci a été réalisé en quantifiant neuf traits des feuilles et cinq traits des noyaux pour 35 variétés réparties dans ces différents groupes. Le second objectif est d’utiliser cette combinaison de traits pour tester si certaines covariations entre traits observées dans des études précédentes entre espèces et/ou au sein d’une espèce, sont également trouvées chez l’olivier, espèce sclérophylle caractéristique du Bassin méditerranéen. Nos résultats montrent que :
(1)
Il existe une forte gamme de variation entre variétés pour tous les traits étudiés ; cette gamme est la plus large pour le volume du noyau (facteur ~7 entre les deux extrêmes) et la plus étroite pour la teneur en matière sèche des feuilles (facteur 1,3 entre les deux extrêmes) ;
(2)
Pour la plupart des traits mesurés, on n’observe pas de différence significative entre les quatre groupes génétiques distribués autour du Bassin méditerranéen ;
(3)
La taille des feuilles est corrélée positivement à leur masse surfacique - un trait relatif à la morpho-anatomie des feuilles -, reflétant le fait que la masse des feuilles augmente plus rapidement que leur surface. Ceci est en accord avec l’hypothèse stipulant que des feuilles plus grandes doivent être plus rigides, afin de pouvoir supporter les dommages mécaniques et les effets de la gravité ;
(4)
L’épaisseur des feuilles et la densité des tissus contribuent de façon équivalente à la détermination de la masse surfacique des feuilles ;
(5)
La taille des feuilles est positivement corrélée à celle des noyaux. Une approche de modélisation en équations structurelles a permis de montrer que la masse surfacique des feuilles jouait un rôle central dans cette relation, ce qui est interprété dans le contexte du modèle « Graine-Phytomètre-Feuille » récemment proposé.
Les perspectives envisagées pour ce travail comprennent : (a) un test plus général de l’absence de différences phénotypiques entre groupes génétiques, en augmentant le nombre de variétés étudiées ; (b) la collecte de données sur les fruits et les branches, afin de tester le modèle allométrique sous-jacent reliant la taille des feuilles à celle des noyaux, et (c) l’établissement des relations entre certains traits foliaires déterminés dans la présente étude - surface, largeur et masse surfacique -, les échanges gazeux et l’économie de l’eau, afin de mieux comprendre l’adéquation entre la physiologie des différentes variétés d’oliviers et les conditions climatiques de leur aire géographique d’origine. Ce travail permettrait de consolider les bases fonctionnelles pour la sélection des variétés d’oliviers.
Mots-clés : allométrie, biomécanique, collection variétale, groupe génétique, olivier, traits fonctionnels, variation phénotypique.
Authors | Eric GARNIER, Estelle LECA, Karim BARKAOUI |
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Editor | Parc national de Port-Cros |
Number of pages | 26 |
Reference | Sci. Rep. Port-Cros Natl. Park, 35: 235-260 (2021) |