Port-Cros
Sciences humaines
Diversity, 13 (594): 1-30.
Gestion de la biodiversité dans un Parc national méditerranéen : le
chemin long et tortueux entre une approche centrée sur l’espèce et une approche
centrée sur l’écosystème. Le Parc national de Port-Cros (PNPC), créé en 1963, est l’un
des plus anciens parcs terrestres et marins en Méditerranée. Depuis 2012, son territoire
a été considérablement étendu et son organisation redéfinie, dans le contexte de la loi
de 2006 dite “Loi Giran” (N-PNPC - Nouveau Parc national de Port-Cros). Le cas du
PNPC est particulièrement intéressant à étudier, dans la mesure où il a été géré avec
sérieux et efficacité depuis sa création, et où les mesures de protection et de gestion ont
toujours été strictement appliquées, ce qui n’est malheureusement pas le cas d’un grand
nombre d’espaces protégés en Méditerranée, qualifiés à juste titre de paper parks (parcs
de papier). Pour cette raison, le PNPC est souvent considéré comme une référence en
Méditerranée.
Dans le présent article, les auteurs ont analysé de façon critique presque 60 ans de
gestion de la biodiversité et des usages, avec leur lot de succès et d’échecs.
Certaines des opérations qui ont été menées sont aujourd’hui considérées comme des erreurs,
dans le contexte de la doctrine actuelle qui privilégie le non-interventionnisme,
contrairement aux pratiques en cours dans les premières décennies du PNPC. Le
changement de pratique envers les espèces emblématiques et le regard critique sur
certaines actions destinées à les favoriser, sont abordés et discutés. C’est le cas par
exemple de la construction d’une tour destinée à héberger des chauves-souris, de la
mise en place de nids artificiels pour des oiseaux marins, de l’éclaircissement de la
végétation terrestre destinée à “favoriser la biodiversité” (dans le contexte d’une vision
ancienne du concept de biodiversité), et de la mise en place d’un récif artificiel en mer.
La question de l’arrivée naturelle du sanglier, une espèce indigène, et de l’hostilité
du public et de certains scientifiques, centrés sur certaines espèces, à son égard,
est particulièrement instructive. La question des espèces non-indigènes terrestres et
marines, et de leur gestion, est également abordée.
Les auteurs analysent l’évolution de la gestion du PNPC à la lumière de l’évolution des
concepts en écologie et en biologie de la conservation. Au total, la gestion, comme son
acceptabilité sociale, ont lentement et irrégulièrement évolué d’une approche centrée
sur l’espèce vers une approche centrée sur l’écosystème. Il est intéressant de souligner
qu’une telle analyse critique de près de 60 ans de gestion constitue un exercice très rare
dans un parc national, et qu’il n’en existe que très peu d’équivalents dans le monde.
Mots-clés : biodiversité, chauves-souris, espaces protégés, espèces menacées,
gestion, Méditerranée, Parc national de Port-Cros, récifs artificiels, Sus scrofa.
Authors | BOUDOURESQUE C.-F., BARCELO A., BLANFUNÉ A., CHANGEUX T., MARTIN G.-J., MÉDAIL F., PERRET-BOUDOURESQUE M., PONEL P., RUITTON R., TAUPIER-LETAGE I., Thierry THIBAUT |
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Editor | Parc national de Port-Cros |
Number of pages | 2 |
Reference | Sci. Rep. Port-Cros Natl. Park, 36: 229-230 (2022) |